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S’attaquer au problème du changement climatique, n’est-ce pas le travail de Dieu et non le nôtre ?

Cette question est intéressante, car elle sous-entend que Dieu peut désirer intervenir et s’attaquer au changement climatique, tandis que notre objectif prioritaire serait de construire l’Église et de laisser le problème du climat à Dieu. Le meilleur moyen de répondre, c’est de faire une comparaison avec ce qui est arrivé à l’époque de Noé (Genèse 6 à 9). Comme aujourd’hui, cette époque a subi un changement climatique immense et destructeur. À la fois la miséricorde de Dieu et son jugement ont été mis en œuvre. Les plans de Dieu étaient totalement divins, mais il a choisi une intervention humaine pour les accomplir. Dieu aurait pu fournir un bateau sans aucune aide de la part de Noé, mais, comme ailleurs dans l’Écriture, il a choisi d’appeler un être humain pour qu’il soit son agent. La vision de Dieu était plus large que ce que Noé n’a probablement jamais compris. Il ne s’agissait pas simplement de sauver quelques animaux, mais d’instaurer une alliance qui incluait toute la création. Dans le chapitre 9 de la Genèse, nous lisons encore et encore que l’alliance salvatrice de Dieu concerne non seulement les hommes (« vous, et vos descendants »), mais aussi « toute créature vivant sur la terre » et même « la terre elle-même » (verset 13). Les desseins salvateurs de Dieu sont toujours bien plus larges que ce que notre imagination limitée peut concevoir, et il nous appelle constamment à saisir cette vision plus étendue.

C’est arrivé quand le peuple d’Israël a compris petit à petit qu’il était destiné à être « la lumière des nations » (Ésaïe 46.6) et au moment où l’Église primitive a découvert qu’elle était appelée à témoigner « jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1.8). À mon sens, c’est ce qui se passe aujourd’hui : l’Église universelle découvre que se soucier de la création fait partie de l’appel et que « la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Romains 8.19).

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

Noé a-t-il sauvé les poissons ou sont-ils restés dans l’eau ? [Jo]

Quelques éléments de réponse personnelle :

1- Que ce soient les poissons, tout autant que les volatiles, les animaux terrestres et les humains présents dans l’arche, ce n’est pas Noé qui les a sauvés mais Dieu. C’est lui qui a donné l’ordre à Noé de construire le refuge flottant où toutes ces espèces pouvaient loger, et c’est lui qui a laissé les eaux détruire tous les autres. Noé a obéit, mais il n’est pas l’auteur du salut.

2- Je ne suis pas de ceux pour qui la validité historique du récit du déluge est déterminante pour en estimer la valeur. On peut trouver cette histoire ridicule, mais il semble bien qu’un événement catastrophique de grande ampleur se soit déroulé, qui a impacté des récits de même facture dans de très nombreuses civilisations. Même si ce récit est à entendre de façon métaphorique, j’y reçois des vérités très interpellantes pour aujourd’hui. Ainsi : Le déluge est provoqué par le mal que commettaient les hommes (Genèse 6. 5) et la violence qui remplissait la terre (6. 11). Que le comportement humain ait des répercussions négatives sur toutes la création, cela ne vous paraît-il pas d’actualité (pollution, réchauffement climatique, etc.) ? Avoir foi en Dieu, croire ce qu’il dit nous fait souvent apparaître pour des idiots auprès de nos contemporains qui ne croient pas, tout autant que si nous nous mettions à construire un bateau gigantesque au beau milieu d’un continent…

3- Le mot aquarium n’existe pas en hébreu biblique. Les premiers aquariums datent du XIXe siècle. Merci d’avoir posé cette question qui m’a permis d’en apprendre davantage sur les aquariums !

https://1001questions.fr/noe-a-t-il-sauve-les-poissons-ou-sont-ils-restes-dans-leau-jo-2/

Les chrétiens n’ont-ils pas à leur actif un bilan effroyable dans la gestion de la création ? Et leur comportement n’est-il pas basé sur ce qu’enseigne la Bible ?
Matt palmer unsplash

Nul ne peut nier que les chrétiens ont souvent été coupables de permettre, voire d’encourager un usage impropre de la création de Dieu. De nombreux écologistes estiment que Genèse 1.26-28 («assujettir», «dominer», «image de Dieu») place l’humanité sur un piédestal au-dessus des autres espèces et pose ainsi les fondements sur lesquels l’industrialisation agressive et un mode de vie non durable ont été édifiés. Mais une telle position ne tient pas compte de trois éléments importants.

  • Le christianisme n’est pas seul responsable des désastres écologiques. Le communisme athée, le capitalisme laïc agressif et l’impérialisme islamique ont fait de même. Toute vision du monde qui élève les êtres humains au-dessus des autres espèces et oublie notre interdépendance avec elles va conduire inévitablement à un désastre environnemental.
  • Le bilan du christianisme est bien plus positif que certains ne l’imaginent. A côté des nombreux échecs, nous trouvons des exemples encourageants d’un mode de vie durable et d’une création respectée : François d’Assise, le début du christianisme celtique, le monachisme bénédictin du Moyen Age et les Amish en Amérique. Ce n’est que lorsque les chrétiens sont devenus prisonniers d’une culture centrée sur l’être humain au lieu de laisser la Parole de Dieu transformer leur culture que la convoitise, l’exploitation et la négligence ont causé de tels dommages à la création.
  • La Bible n’enseigne nullement que le monde existe uniquement pour que l’humanité en use et abuse. Tous les thèmes importants de l’Ecriture soulignent que le monde de Dieu est précieux, digne de nos soins et de notre respect. Dieu lui-même s’est engagé à soutenir et à renouveler la création, et il en a confié la responsabilité à l’humanité. Compris dans leur contexte, Genèse 1 et 2 enseignent clairement que le monde est celui de Dieu (pas le nôtre !), que l’humanité fait partie de la création tout en étant appelée à être l’image de Dieu, et que « dominer » et « assujettir » impliquent d’exercer le règne juste et doux de Dieu : travailler à servir et préserver la terre et ses créatures.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

N'est-il pas plus sage d'attendre que l’État me donne des ordres pour agir ?

Un certain nombre de personnes, jeunes et plus âgés, estiment qu’il ne sert à rien de faire quoi que ce soit, cela ne servirait à rien et qu’il vaut mieux attendre que l’État nous donne des directives valables pour tous. Ce point de vue peut être justifié en ce sens qu’une action collective étatique et même internationale est certainement nécessaire pour résoudre les défis du climat, comme cela a été mentionné dans une question précédente. Toutefois, ce point de vue implique une attitude passive du citoyen et un abandon de sa responsabilité personnelle envers la Création. Nous réitérons l’idée déjà citée auparavant qu’autant l’action collective qu’individuelle est nécessaire et qu’il existe un certain lien entre les deux, une forme de « cercle vertueux » : plus une personne effectue des actions personnelles envers la Création, plus elle a tendance à participer également à des actions collectives pour la sauvegarde de celle-ci et vice-versa.

L’attitude symbolisée par la phrase « J’attends que l’État me donne des ordres » implique deux biais importants à notre sens. Tout d’abord, l’idée que l’État a un savoir objectif sur le climat, qu’il connaît les enjeux, qu’il a la possibilité et la volonté d’agir efficacement et qu’il agit toujours en faveur du bien-être public n’est malheureusement pas toujours vraie, car l’action étatique est principalement déterminée par un agenda politique provenant d’un consensus entre différents partis ou d’une majorité élue. De plus, nous constatons aussi qu’il est influencé par un certain nombre de lobbies qui défendent leurs intérêts économiques avant tout. Deuxièmement, « l’État » ou l’ « autorités politique » n’est pas une entité fixe, stable et totalement indépendante des individus, mais c’est plutôt une entité changeante selon les majorités politiques déterminées par le vote des citoyens. En ce sens, chaque citoyen est également un acteur en votant pour des élus qui prennent en compte ou non la sauvegarde de la Création, peu importe l’orientation politique de ceux-ci.

Comment comprendre Genèse 1-2? Si la Terre a 6000 ans alors la science fait elle erreur dans les datations? Si nous sommes le fruit de l’évolution, la mort existait avant la chute de l’homme ? [Nicolas]

Deux questions en une, Nicolas ! Pour répondre à la première, effectivement la chronologie biblique prise à la lettre tomberait en flagrante contradiction avec ce que nous savons de l’âge de la Terre et de l’humanité. Le rédacteur du premier chapitre de la Bible n’avait pas nos connaissances scientifiques, mais son message est vrai, inspiré, pertinent : le monde n’est pas éternel, tout a un commencement (contre la vision païenne, antique, d’un univers statique, d’un temps circulaire…). Rien n’y est donc divin ou sacré, ni lune ni soleil ni étoiles. Ce sont des créatures, comme nous le sommes aussi. Genèse ch.2 compare le monde à un jardin à cultiver et à garder. C’est une image, mais qui n’est pas sans résonance dans nos préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Adam et Eve ne sont pas, pour leur part, à identifier à Lucy, à l’australopithèque ou autres hominidés, mais aux humains à qui Dieu s’est révélé, ce qui justement a fondé leur statut d’êtres créés à son image.

Bref, il ne faut pas confondre (ni opposer d’ailleurs) le récit biblique avec un exposé scientifique des débuts de l’univers ou de l’histoire de l’Homme. Ce sont des genres différents, écrits l’un pour décrire, dire le « comment », l’autre expliquer, donner une réponse au « pourquoi la vie ? pourquoi le monde ? » etc.

Il faut garder en tête cette distinction en abordant la question de la mort, et cette mise en garde de Dieu à l’homme en Genèse 2,17 : « le jour où tu mangeras de ce fruit que je t’interdis, tu mourras ». Voici comment nous pouvons la comprendre. L’homme n’a pas été créé comme possédant l’immortalité, dans la mesure où, simple créature, nue et fragile, il ne vit que du souffle de Dieu. Il n’a pas davantage été « programmé » par Dieu pour mourir et retourner au néant. Mais en se séparant de son Créateur, il se sépare de ce qui le fait vivre un peu comme un scaphandrier couperait son tuyau d’alimentation en oxygène. Notez que sitôt mangé le fruit, l’homme et la femme éprouvent la honte de leur nudité, c’est à dire de leur statut de créature limitée, faible. Ils ont voulu se prendre pour des dieux, ils découvrent qu’ils sont poussière. « j’ai eu peur (de toi, dit Adam à Dieu qui le cherche), parce que j’étais nu, et je me suis caché » Genèse 3,10. Il y a mort et mort ! La mort, dans la Bible, ce n’est pas seulement l’arrêt des fonctions biologiques, c’est être privé de la présence de Dieu.

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