Que penser des différentes théories qui circulent sur internet disant que le réchauffement climatique est une arnaque et une manipulation ?

Les théories du complot sont un phénomène très ancien, mais qui est très amplifié actuellement par les réseaux sociaux et la situation d’incertitude économique, sociale et climatique actuelle. Celles-ci postulent, par exemple, qu’il existe un complot juif, franc-maçon, satanique et illuminati pour instaurer un nouvel ordre mondial avec un agenda caché. Tous les grands leaders politiques et économiques actuels ne seraient que des marionnettes de cette force diabolique et maléfique qui contrôle tout. De nombreuses vidéos montrent ces leaders avec des pupilles de reptiles pour susciter de l’angoisse, de la peur et du spectacle auprès d’un public en besoin de sensations spéciales. De nombreuses études montrent que les théories du complot prennent ces croyances maléfiques pour les ériger en spiritualité auprès de leurs adeptes et qu’elles donne un sens à leur vie. Il a été démontré que ces personnes ont un profil psychologique particulier, avec des traits paranoïaques notamment.

De manière plus réaliste, nous reconnaissons qu’il existe bien des lobbys économiques et politiques qui ont une influence sur la société, que ce soit de manière ouverte ou discrète, comme le Heartland Institute aux États-Unis dans le domaine du négationnisme du climat. Malheureusement, les théories du complot véhiculées sur les réseaux sociaux font un dégât considérable dans le débat sur le climat en propageant des thèses fantasmagoriques sans fondements scientifiques à ce sujet et contribuent intentionnellement à créer un sentiment de doute et de méfiance par rapport au consensus scientifique sur le réchauffement climatique. Une autre version de la théorie du complot stipule que le consensus des scientifique est tellement absolu qu’il y a forcément eu une manipulation du système politique comme cela se fait en Corée du Nord. En tant que chrétiens, nous rejetons cette croyance aux théories du complot qui entre directement en concurrence avec la croyance en Dieu et son fils Jésus-Christ. En effet, la Bible nous enseigne que Dieu aime sa Création et les hommes, qu’il a un plan positif pour notre vie personnelle et pour le monde basé sur l’amour. Dieu nous appelle à lutter pour un monde meilleur en gardant à l’esprit l’espérance et l’amour du prochain qu’il nous a enseigné.

Source: adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Se préoccuper du climat n’est-il pas un manque de confiance en Dieu ?

Photo de Rob Wicks sur Unsplash

Pour les croyants en Dieu, la vie est un équilibre entre la part qui nous incombe, et la part qui échappe à notre contrôle. Cette réalité est présente dans les Évangiles au travers de plusieurs paraboles (les Talents, les deux maisons, les dix Vierges, etc.) qui mettent en avant la responsabilité individuelle pour sa vie physique et spirituelle. Dieu donne à chacun intelligence, créativité et capacités pour vivre chaque jour et progresser, sans pour autant nous priver de sa présence et son conseil Divin.
Le climat n’échappe pas à ce principe. La Terre est une grosse machine : on met du gaz à effet de serre, ça chauffe. On en retire, ça refroidit. Dès lors, du moment que la civilisation humaine émet suffisamment de gaz à effet de serre pour dérégler le climat, c’est à elle, et à elle seule, de prendre les mesures nécessaires. Dieu ne nous soustrait pas aux responsabilités qu’il nous a rendus capables de gérer. La bonne gestion de la Terre en fait partie. Ne laissons donc pas une accusation de « manquer de foi », si culpabilisante au demeurant, nous soustraire à nos responsabilités humaines. Lutter contre le réchauffement climatique n’enlève en rien la confiance que nous plaçons chaque jour en Dieu pour toutes les dimensions de nos vies.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

La richesse matérielle n’est-elle pas une bénédiction de Dieu et le résultat promis d’une nouvelle vie en Jésus-Christ ?

Photo de Gautier Salles sur Unsplash

A titre de rappel, de nombreux scientifiques, en particulier les climatologues, mettent en évidence le lien entre la croissance économique sans limite et la menace importante qui pèse sur l’équilibre climatique mondial. En effet, ils démontrent que la croissance économique continue est basée sur les énergies fossiles émettant de plus en plus de gaz à effet de serre, et que ces émissions menacent le climat. De plus, les perturbations climatiques sont déjà visibles et attestées aujourd’hui dans différentes parties du monde.

Malgré ce constat, nous pourrions penser que le développement économique de notre région et notre richesse matérielle personnelle sont le résultat automatique du salut de notre âme et de l’assurance de la vie éternelle. Penser que la richesse matérielle, une santé parfaite et la vie éternelle sont une bénédiction de Dieu et une récompense directe et automatique de la rédemption des péchés n’est pas ce que la Bible nous enseigne.

Anne-Catherine Piguet, théologienne protestante, a écrit un article complet, critique et édifiant au sujet de la théologie de la prospérité1. Selon elle, cette théorie affirme que si un croyant est malade et pauvre, c’est de sa faute parce qu’il est dans le péché et dans une nature satanique. Et s’il a la foi, il est automatiquement en bonne santé, sauvé et riche matériellement. Cette théorie affirme aussi que Jésus-Christ lui-même a eu une nature satanique lorsqu’il a été crucifié sur la croix jusqu’à sa résurrection.

La majorité des théologiens rejettent cette vision spirituelle. En effet, la Bible n’affirme pas un lien automatique entre le salut de l’âme, la santé et la richesse matérielle. De même, il n’y a pas de lien automatique non plus entre le péché qui entraînerait directement la pauvreté, la maladie et une nature satanique de l’homme.
Le danger de cette vision est d’affirmer que la pauvreté est une question de mauvaise moralité et que les pauvres sont donc directement responsables de leur misère. En conséquence, ils ne méritent ni aide financière, ni compassion, puisqu’ils sont eux-mêmes coupables de leur situation. Le deuxième danger de cette vision est que la richesse matérielle et la liberté de la recherche du profit infini sont considérés comme une bénédiction de Dieu automatiquement attribué au pécheur repenti de sa nature satanique. Cette affirmation bloque de facto de nombreuses solutions constructives à la crise climatique. En effet, elle va directement à l’encontre de la remise en question de la société de consommation de masse dans laquelle nous vivons aujourd’hui, de sa croissance sans limite et de la pollution qui en découle en termes de gaz à effet de serre.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

  1. Anne-Catherine Piguet, « Qu’est-ce que la théologie de la prospérité? », voir aussi: COLLECTIF, La théologie de la prospérité – Les textes du CNEF, Bagneux, BLF Europe, 2012 ↩︎

La terre n’est-elle pas de toute façon vouée à la destruction selon la Bible ?

Photo de Colin Lloyd sur Unsplash

Tout d’abord, quoique Dieu puisse envisager pour l’avenir de notre planète, nous avons reçu un mandat qui est d’obéir à son commandement de prendre soin de la terre (Genèse 1.26 ; 2.15).

Historiquement, ce n’est qu’après la révolution industrielle que l’idée de la destruction totale s’est répandue chez les chrétiens, parallèlement au début de la pollution et de l’exploitation économique de masse et à grande échelle. La pollution, les conditions de travail extrêmes et la misère du 19ème siècle ont-elles favorisé l’idée d’une destruction totale et imminente de la planète parmi les chrétiens? Peut-être. Pourtant, selon le théologien Dave Bookless (directeur de la théologie d’A Rocha), cette idée repose sur de mauvaises traductions de quelques textes bibliques très peu nombreux et difficiles à comprendre.

Par exemple, quand Jésus dit « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24.35), l’accent est mis sur la crédibilité des paroles de Jésus et non pas sur le caractère temporaire de la terre et du ciel. Jésus utilise des figures de style ou des métaphores qui étaient déjà utilisées dans les Psaumes de l’Ancien Testament. Par exemple, dans le Psaume 102.25-27, les choses les plus durables que l’on peut imaginer, comme la terre et les cieux, sont comparées au pouvoir de Dieu et à sa parole. Les Psaumes et les autres passages de la Bible mettent généralement l’accent sur la permanence et la stabilité de la création plutôt que sur son instabilité et sa fragilité. Dans le Psaume 93.1, on peut lire « Le monde est ferme, il ne vacille pas ». Dans le Psaume 96.10, nous pouvons lire : « Le Seigneur est roi. Le monde est ferme, il ne vacille pas ». « Tu as affermi la terre et elle subsiste » (Psaume 119.89-90).
L’un des passages les plus cités par les personnes qui pensent que le monde est voué à la destruction complète est le suivant (2 Pierre 3.10-13) :
« 10 Le jour du Seigneur viendra comme un voleur; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée.
11 Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété,
12 tandis que vous attendez et hâtez l’avènement du jour de Dieu, à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés fondront!
13 Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. » (traduction de Louis Segond)

Selon Dave Bookless, un examen approfondi de ce texte révèle une signification bien différente que la destruction totale du monde. Il s’agit de remettre ce passage dans son contexte. Premièrement, il établit un parallèle entre la destruction de la terre par l’eau à l’époque de Noé (verset 5-7) et la destruction par le feu au retour de Jésus : cela suggère que ce qui est envisagé est un jugement purificateur plutôt qu’une destruction totale.

Deuxièmement, la mention du feu aurait rappelé aux auditeurs juifs le feu du fondeur (Malachie 3.2-3) et beaucoup de traductions modernes suivent les anciens manuscrits qui utilisent le mot grec « eurethesetai » qui signifie « mise à nu » ou « révélé » dans le verset 10, plutôt que « consumé par le feu ». Et troisièmement, les éléments (stoicheia) qui sont détruits par le feu ne sont probablement pas les éléments physiques ni chimiques, mais les forces spirituelles élémentaires que la mort du Christ a vaincues. En conclusion, le passage traite clairement d’un jugement purificateur plutôt que d’une complète destruction.

Un autre point fondamental à considérer dans la Bible se rapporte au terme grec utilisé pour parler de « nouvelle » création, de la « nouvelle » terre, des « nouveaux » cieux et de la « nouvelle » Jérusalem. Ces termes se retrouvent dans les écrits apocalyptiques, c’est-à-dire principalement dans l’Apocalypse, mais aussi dans divers livres du Nouveau et de l’Ancien Testament. A titre de rappel, le Nouveau Testament a été écrit en grec ancien et cette langue a deux mots pour dire « nouveau » : neos qui signifie entièrement neuf et kainos qui suggère le renouvellement, la rédemption et la restauration. Le Nouveau Testament utilise toujours kainos quand il s’agit de la nouvelle création, mettant ainsi l’accent sur le fait que l’acte final de Dieu à travers Jésus consiste non pas à détruire la Création, qu’il a déclarée bonne, et à créer des choses nouvelles, mais à « renouveler » toute chose (Apocalypse 21.5). En d’autres termes, il s’agit de purifier, de renouveler et restaurer la Création avec Christ en son centre.

En conclusion, ce que la Bible met en lumière, ce n’est pas la destruction de la terre, mais un jugement purificateur qui fait disparaître tous les effets du péché et de la chute, avant que le Christ soit à nouveau Seigneur, et que toute chose dans le ciel et sur la terre ne soit encore une fois sous son autorité (Éphésiens 1.10). Dans Romains 8.21, l’apôtre Paul exprime son grand espoir qu’un jour « cette même création sera libérée de l’esclavage du périssable pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu ».

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

P.S. nous pouvons ajouter à cette réponse que nous savons tous que nous allons mourir un jour et que notre corps va être détruit. Cela ne nous empêche pas d’en prendre soin et aucun chrétien de bon sens ne se dit : « ce n’est pas grave de me droguer, de fumer, de manger n’importe quoi, de rouler à contre-sens sur l’autoroute car de toute façon je vais mourir et mon corps va être détruit ».

Pour aller plus loin en vidéo : voyez l’enregistrement du webinaire sur le devenir de la création et ce qui la Bible dit sur l’avenir de la planète terre, avec Thomas Poette, pasteur à Lyon, dans le cadre des ambassadeurs d’A Rocha.

La terre n’est-elle pas de toute façon condamnée à la destruction ?

Photo de João Pedro Salles sur Unsplash

La conception ordinaire des chrétiens selon laquelle notre terre sera totalement détruite quand Jésus reviendra pour nous emmener au ciel, repose sur des fondements bibliques très fragiles. Historiquement, ce n’est qu’après la Révolution industrielle, alors que les hommes exploitaient la terre comme jamais auparavant, que l’idée de la destruction totale de la terre s’est répandue. Cette idée repose sur de mauvaises traductions de quelques textes bibliques très peu nombreux et difficiles à comprendre. 

Par exemple, quand Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24.35), l’accent est mis sur la crédibilité des paroles de Jésus, et non pas sur le caractère temporaire de la terre (ni, plus inquiétant, du ciel !). Jésus utilise une figure de style habituelle dans les Psaumes (par exemple au Psaume 102.25-27), où les choses les plus solides et les plus durables que l’on peut imaginer (la terre et les cieux) sont comparées au pouvoir de Dieu et à sa Parole. Tout aussi souvent, l’image est inversée ; c’est ainsi qu’on peut lire : « Le monde est ferme, il ne vacille pas » (Psaume 93.1), « Le Seigneur est roi. Le monde est ferme, il ne vacille pas » (Psaume 96.10), et « Tu as affermi la terre, et elle subsiste » (Psaume 119.89-90). En général, dans les Psaumes et plus largement dans la Bible, l’accent est mis « sur la permanence et la stabilité, plutôt que sur l’instabilité ou la fragilité (cosmiques) »(1). Le passage le plus cité qui semble prédire la destruction de la terre est 2 Pierre 3.10-13. Un examen approfondi de ce texte révèle toutefois une signification très différente. Premièrement, le passage établit un parallèle entre la destruction de la terre par l’eau à l’époque de Noé (versets 5-7) et la destruction par le feu au retour de Jésus ; cela suggère que ce qui est envisagé est un jugement purificateur plutôt qu’une destruction totale.

Deuxièmement, la mention du feu aurait rappelé aux auditeurs juifs le feu du fondeur (Malachie 3.2-3), et beaucoup de traductions modernes suivent les anciens manuscrits qui utilisent le mot grec eurethesetai qui signifie « mis à nu » ou « révélé » dans le verset 10, plutôt que « consumé par le feu ». Et troisièmement, les éléments (stoicheia) qui sont détruits par le feu ne sont probablement pas les éléments physiques ni chimiques, mais les forces spirituelles élémentaires que la mort du Christ a vaincues. En fin de compte, le passage traite clairement d’un jugement purificateur plutôt que d’une complète destruction.

Un autre point important à considérer se rapporte au terme utilisé pour parler de la « nouvelle » création, de la « nouvelle » terre, des « nouveaux » cieux, de la « nouvelle » Jérusalem. Le grec a deux mots pour dire « nouveau » : neos qui signifie entièrement neuf, et kainos qui suggère le renouvellement, la rédemption et la restauration. Le Nouveau Testament utilise toujours kainos quand il s’agit de la nouvelle création, mettant ainsi l’accent sur le fait que l’acte final de Dieu à travers Jésus consiste non à détruire la création – qu’il a déclarée bonne – et à créer des choses nouvelles, mais à « renouveler » toutes choses (Apocalypse 21.5). En d’autres termes : à purifier, renouveler et restaurer la création, avec Christ en son centre.

Ce que la Bible met en lumière, ce n’est pas la destruction de la terre, mais un jugement purificateur pour faire disparaître tous les effets du péché et de la chute, avant que le Christ ne soit à nouveau Seigneur, et que toute chose dans le ciel et sur la terre ne soit encore une fois sous son autorité (Éphésiens 1.10). L’apôtre Paul dit son grand espoir qu’un jour « cette même création sera libérée de l’esclavage du périssable pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Romains 8.21).

(1) Paul Williamson, « Destruction or Transformation ? Earth’s Future in Biblical Perspective », dans J. Moo et R. Routledge (éd.), As Long as the Earth Endures : The Bible, Creation and the Environment, Nottingham,Apollos, 2014, p. 135.

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]