Les mesures pour sauver le climat ne vont-elles pas bouleverser complètement notre économie et notre société ?

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Tout d’abord, il est important de noter que les bouleversements climatiques sont déjà présents, même en Europe avec deux canicules exceptionnelles au cours des derniers étés par exemple. Ils sont certes beaucoup plus visibles dans les pays du Sud, comme le Mali qui a vu sa saison humide passer de 6 mois à 3 mois ces dernières années, et les pays côtiers ou insulaires qui doivent lutter contre la montée du niveau des océans. Les assurances, en particulier Swiss RE, la société de réassurance, en sont bien conscientes. Elles ont déjà fait de nombreux rapports sur l’augmentation des risques climatiques et ont augmenté leurs réserves de réassurance en conséquence [1].

Deuxièmement, nous reconnaissons que les mesures pour sauver le climat ne peuvent pas être que de simples questions d’innovation technologique et de financement pour être efficaces, ni qu’une question politique uniquement. Nous pensons que les mesures pour contrer le réchauffement climatique consistent en un changement profond de paradigme de notre société pour un mieux-être à tous les niveaux, à commencer par notre façon de penser. En fait, le bouleversement climatique est déjà présent et les mesures pour sauver le climat ont pour but de conserver et d’améliorer notre bien-être et nos conditions de vie, même si certaines peuvent apparaître comme des privations au premier abord.
Comme le bouleversement général de la société dû au climat qui se dérègle est déjà présent et que les mesures pour le contrer impliquent des changements profonds, il est compréhensible que de nombreuses personnes soient inquiètes au sujet de leur avenir et de celui de la société en général. Et c’est avec ce sentiment d’insécurité que Dieu accueille les hommes et les femmes avec un amour qui dépasse tout entendement et toute attente. En effet, nous pensons que c’est l’aide et le soutien de Dieu qui nous permettra de faire la transition nécessaire dans nos vie et dans la société. La vie dans l’amour du Christ nous offre tout ce dont nous avons besoin et bien plus que les plaisirs de la consommation de masse et sans limite que nous offre la société pour un certain temps encore.

En conclusion, nous pensons que la solution n’est pas uniquement dans un débat superficiel sur les moyens techniques et financiers à mettre en place, mais avant tout dans l’engagement dans une vie spirituelle pleine et épanouie en Dieu qui est la seule vraie réponse au défi climatique. Nous sommes convaincus que pour faire cette transition, le Christ nous accueille les bras grands ouverts.

Source : Adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

(1) Communiqué de presse de Swiss Re

N’est-il pas plus sage d’attendre que l’État me donne des ordres pour agir ?

Un certain nombre de personnes, jeunes et plus âgés, estiment qu’il ne sert à rien de faire quoi que ce soit, cela ne servirait à rien et qu’il vaut mieux attendre que l’État nous donne des directives valables pour tous. Ce point de vue peut être justifié en ce sens qu’une action collective étatique et même internationale est certainement nécessaire pour résoudre les défis du climat, comme cela a été mentionné dans une question précédente. Toutefois, ce point de vue implique une attitude passive du citoyen et un abandon de sa responsabilité personnelle envers la Création. Nous réitérons l’idée déjà citée auparavant qu’autant l’action collective qu’individuelle est nécessaire et qu’il existe un certain lien entre les deux, une forme de « cercle vertueux » : plus une personne effectue des actions personnelles envers la Création, plus elle a tendance à participer également à des actions collectives pour la sauvegarde de celle-ci et vice-versa.

L’attitude symbolisée par la phrase « J’attends que l’État me donne des ordres » implique deux biais importants à notre sens. Tout d’abord, l’idée que l’État a un savoir objectif sur le climat, qu’il connaît les enjeux, qu’il a la possibilité et la volonté d’agir efficacement et qu’il agit toujours en faveur du bien-être public n’est malheureusement pas toujours vraie, car l’action étatique est principalement déterminée par un agenda politique provenant d’un consensus entre différents partis ou d’une majorité élue. De plus, nous constatons aussi qu’il est influencé par un certain nombre de lobbies qui défendent leurs intérêts économiques avant tout. Deuxièmement, « l’État » ou l’ « autorités politique » n’est pas une entité fixe, stable et totalement indépendante des individus, mais c’est plutôt une entité changeante selon les majorités politiques déterminées par le vote des citoyens. En ce sens, chaque citoyen est également un acteur en votant pour des élus qui prennent en compte ou non la sauvegarde de la Création, peu importe l’orientation politique de ceux-ci.

Changer son comportement individuel pour résoudre la crise du climat ne suffit-il pas ? Pourquoi y aurait-il besoin de changer le système économique, politique et juridique ?

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Nous pourrions penser que changer notre comportement individuel suffirait à résoudre la crise climatique. Par exemple, nous pourrions penser que « si tout le monde triait mieux ses déchets, allait moins en vacances sous les tropiques et mangeait moins d’ananas, on pourrait tout résoudre sans changer le système ». Nous pensons que cette manière de penser est à nuancer. Tout d’abord, il est vrai que changer son comportement personnel en faveur du climat en choisissant les actions proposées par exemple sur le site d’A Rocha est essentiel, comme par exemple, préférer les transports en commun, trier ses déchets ou préférer les récipients recyclables.
Toutefois, nous constatons que de nombreuses décisions à prendre pour faire face à la crise climatique ne sont pas à la portée directe des citoyens et ne peuvent être résolue par une action purement individuelle. Par exemple, une part important des Français sont des locataires et n’ont quasi aucune influence sur les propriétaires immobiliers concernant les décisions d’isolation de leur logement. Il est évident qu’une grande partie des décisions à prendre en faveur du climat passe par des changements de lois qui ne peuvent être faite par un seul citoyen et son action individuelle. Un changement de loi passe en principe par des actions collectives dans un cadre politique. Et ceci non seulement dans un cadre politique national, mais aussi au niveau international comme l’Accord de Paris de 2015 où tous les pays du monde sans exception ont signé un accord sur le climat pour la première fois de l’histoire humaine.
En conclusion, nous constatons que les actions collectives, comme le vote, la signature de pétitions, l’engagement dans une association locale ou les manifestations sont des leviers collectifs également nécessaires pour avoir une influence positive sur le climat. Dans les faits, on constate souvent que le changement de comportement individuel en faveur du climat et la participation à des actions collectives s’influencent mutuellement et sont intimement liées. En effet, des personnes qui changent progressivement leur comportement en faveur du climat vont aussi peu à peu voter pour des candidats plus sensibles au climat et vice-versa.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Toutes les entreprises et les autorités politiques sont engagées dans le développement durable, alors où est le problème ?

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Il est vrai que beaucoup d’entreprises, l’Etat, les régions et beaucoup de communes (voire même des églises) sont engagées dans des processus de développement durable. Mais nous constatons qu’il s’agit, dans certains cas, de déclarations non contraignantes, sans sanctions et parfois sans budget. Dans beaucoup de cas, il n’y a pas d’actions concrètes qui suivent les déclarations. De plus en plus, nous constatons aussi que la communication sur l’écologie devient un argument marketing pour augmenter ses ventes et de nombreuses entreprises polluantes présentent des produits « écologiques » dans leur publicités, comme les entreprises de fabrication de béton et de gaz, et même la distribution de mazout pour le chauffage ! Ce phénomène s’appelle le « green washing ».
En plus de cela, de nombreuses entreprises, collectivités et églises n’engagent pas de processus de développement durable en prétextant qu’elles sont déjà « parfaites » dans ce domaine. Nous constatons donc un décalage et parfois même des contradictions entre les déclarations de nombreux acteurs économiques et politiques et leur actions concrètes. En se référant aux valeurs chrétiennes, nous estimons que nous sommes tenus d’avoir un discours basé sur la vérité et d’agir conformément à nos paroles.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Les mesures pour sauver le climat ne vont-elles pas nous ramener dans une caverne avec une bougie ?

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Nous entendons parfois cette phrase, car une forme de sobriété semble plus adaptée à la résolution de la question climatique. La réponse qui semble la plus adéquate est qu’il s’agit d’une juste mesure à trouver pour soi et pour la société. Il est important de réaliser que la société de consommation de masse dans laquelle nous vivons n’est certainement pas tenable à moyen terme et en tout cas pas à long terme selon de très nombreuses études et, surtout, le bon sens. La plupart des gens pensent que cette société est « normale ». Or, si nous continuons de vivre selon le modèle actuel, l’épuisement des ressources naturelles et des énergies fossiles sans solution de remplacement pourrait nous diriger brusquement vers une catastrophe, c’est-à-dire précisément vers une vie dans une caverne avec une bougie pour s’éclairer.

La crise que la Grèce a vécu en 2008, c’est-à-dire une décroissance brusque et qui a menacé de s’étendre à toute l’Europe, est ce qui peut nous attendre, en France aussi et dans d’autres pays, si nous ne prenons pas des mesures pour sauver le climat assez tôt. Nous voulons absolument éviter un scénario catastrophique à la grecque et pour cela, nous devons nous engager dès maintenant dans un changement de comportement et devenir plus responsable. Le changement de paradigme que nous devons entamer au plus vite sert à préserver notre qualité de vie et de celles de nos enfants. Le bonheur et la satisfaction de la vie en Christ peut nous aider à mener une vie plus sobre et à s’ancrer dans des valeurs solides qui elles seules pourront nous apporter une satisfaction dans la vie, bien plus que la consommation à outrance.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Est-il possible de croire en Dieu et en la science en même temps ?

De nombreuses personnes ne se réfèrent qu’à la science et en font un système de croyance, une quasi-religion pour leur vie et leur vision du monde. La science elle-même ne s’est jamais présentée comme une autorité incontestable, puisque la démarche scientifique implique une recherche de résultats toujours provisoires, en attendant que d’autres résultats confirment ou infirment les résultats précédents (Loi de Popper). La science est une démarche de remise en cause permanente de résultats sur la base d’observations continuellement renouvelées. Elle n’est pas un dogme intangible. Elle ne peut pas être une alternative ou une concurrence à la croyance en Dieu, car cette dernière se place sur le plan spirituel. La science ne doit donc pas être érigée en tant que religion ou spiritualité, ni faire l’objet d’un déni. Nous invitons tous les chrétiens à avoir une vision équilibrée de la science pour ce qu’elle est vraiment en ne tombant ni dans une extrême ni dans l’autre.
En conclusion, nous pensons qu’il n’y a pas de choix à faire entre la science climatique et Dieu, mais que chaque chrétien est invité à accepter les responsabilités qui lui ont été données par Dieu et également à prendre en compte les résultats scientifiques lorsqu’il y a un consensus fermement établi dans la communauté scientifique, comme c’est le cas pour la science climatique.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Quel rôle jouent les lobbies dans la désinformation sur le climat ?

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Certaines personnes ou entreprises ont des intérêts dans des activités économiques très polluantes qui menacent l’équilibre du climat, comme les entreprises du pétrole en premier lieu. Le terrible tsunami de 2004 en Thaïlande avait été prévu très précisément par un scientifique thaïlandais plusieurs années auparavant [1]. Celui-ci avait proposé une série de mesures pour protéger la population et les bâtiments le long des côtes concernées. Le gouvernement a fait pression sur le scientifique afin qu’il se taise et il a reçu l’interdiction d’aller dans les zones côtières de son pays. En effet, le pays a voulu préserver l’industrie du tourisme en muselant un « scientifique alarmiste » au détriment de la sécurité de la population et des touristes eux-mêmes. Nous connaissons le résultat catastrophique de ce déni en constatant le nombre de morts et les dégâts considérables du tsunami de 2004.

Concernant le climat, une série d’enquête ont montré comment les lobbys pétroliers financent le lobbyisme politique et les think tank qui nient la science du climat, comme le Heartland Institute aux États-Unis. Ce dernier est l’un des think tanks américains les plus influents, en guerre constante depuis des décennies contre la science du climat. Ses rapports, dont certains sont disponibles sur le site internet, tentent de discréditer la science climatique par des prises de positions et des rapports pseudo-scientifiques diffusés dans le monde politique et économique, sur lequel ils ont une grande influence. Ils favorisent la diffusion de fake news sur le climat et financent des pseudo-scientifiques anti-climat. La page Wikipedia sur l’Institut Heatland donne de nombreuses références sur les enquêtes, et un aperçu de l’historique peu glorieux de ce lobby, qui a par exemple tenté de protéger l’industrie du tabac durant des décennies [2].

On constate que les débats sur le climat ne sont pas laissés au hasard et qu’ils ne sont pas non plus que des débats intellectuels entre scientifiques. Il s’agit d’un débat de société qui concerne tout le monde et qui est très influencé par des intérêts économiques puissants. Les débats liés au climat sont lourdement influencés par des intérêts économiques liés aux gains pétroliers, qui se défendent de manière organisée avec des financements très importants. Il existe de nombreux lobbys et think tanks influents et qui sont largement financés par des milieux économiques aux États-Unis et en Europe. C’est pourquoi nous devons donner de l’importance à une information objective et de qualité à ce sujet dans le public en général et dans nos églises en particulier.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

[1] Naomi Klein, Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique [This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate], Actes Sud, 2015, 640 p. (ISBN 978-2-330-04784-9).

[2] Voir: https://en.wikipedia.org/wiki/The_Heartland_Institute.

Dans mon entourage, les écolos ne sont pas très bien vus. J’ai peur de me faire remarquer. Comment faire ?

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Nous faisons tous partie de différents groupes de loisirs et de sports, et, bien sûr, de notre église par le biais des cultes, des messes, des groupes de rencontres et autres activités. Notre besoin d’appartenance à un groupe et notre besoin d’acceptation sont tellement importants qu’ils nous poussent souvent à passer notre opinion sous silence s’il est différent de celui de la majorité du groupe. Il nous conduit même souvent à adopter l’opinion dominante du groupe au détriment de nos prises de position et de notre expérience. De cette façon, une personne ayant régulièrement des avis différents du reste du groupe risque d’être rejetée à moyen long terme ou à partir d’elle-même face la réprobation des autres. Et ce phénomène est particulièrement fort pour les opinions concernant la crise climatique. Certains chrétiens préoccupés et anxieux par rapport à la crise climatique ne voudront pas aborder ce sujet dans leur groupe de maison pour éviter d’être réprouvés par le groupe par exemple. Pour cette raison, nous pensons qu’une information objective sur cette crise doit être effectuée dans les églises et auprès des leaders d’opinion comme les pasteurs ou prêtres.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Pourquoi serait-ce à moi de régler le problème ?

Lorsqu’on parle de la menace de disparition des ours polaires en raison de la fonte des glaces de l’Arctique, qui elle-même est due au réchauffement climatique plus important que prévu, de nombreuses personnes ne se sentent pas concernées. En effet, en Europe nous n’avons pas d’ours polaires et ce problème leur paraît bien lointain et exotique. Or si les effets spectaculaires des événements extrêmes de la crise climatique surviennent pour l’instant souvent à l’étranger (ouragans, canicules et inondations), cela ne signifie pas que nous serons protégés à l’avenir, bien au contraire. L’augmentation des températures en Suisse, par exemple, est déjà le double de la moyenne mondiale (+2° au lieu des +1.1° mondiaux) et cela va continuer, car la Suisse ne bénéficie pas de l’effet régulateur des mers, et la fonte des neiges et des glaciers induira une augmentation plus importante de la chaleur dû au rayonnement solaire dans les Alpes. En effet, le rayonnement solaire sera de moins en moins reflété par les surfaces enneigées des Alpes, mais absorbé par les montagnes de couleur gris-brun, ce qui augmentera la température moyenne suisse d’autant plus. L’attitude « Ce n’est pas à moi de régler le problème » implique une déresponsabilisation de l’individu et ne correspond pas au mandat de Dieu qui a été attribué à l’homme, comme cela est développé dans les fondements théologiques de la déclaration.

adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

En Europe, nous avons toujours été relativement privilégiés et nos autorités sont compétentes, pourquoi cela changerait-il avec le défi du climat ?

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Il existe le biais de normalité qui fausse la perception de la réalité de nombreuses personnes. Cela signifie que pour beaucoup de personnes, si tout s’est bien passé jusqu’à présent, tout se passera forcément bien par la suite comme d’habitude. Elles pensent que « tout est normal et restera normal ». En Europe, de nombreuses personnes pensent que le système économique, politique et climatique a toujours été idéal et qu’il ne changera pas du jour au lendemain. La crise sanitaire du COVID-19 en 2020 illustre parfaitement le danger de ce biais de normalité. En effet, elle nous a montré que l’économie et la vie sociale des Européens (et même du monde entier) pouvait être paralysée du jour au lendemain sans avertissement et à la surprise de tous. Or les scientifiques spécialisés dans les pandémies ont averti les autorités et le public depuis des années que ces événements allaient devenir plus fréquents et qu’il fallait s’y préparer. Nous pensons donc que les mises en garde des scientifiques du climat doivent donc être prise en compte dans une planification à long terme pour les individus et la société.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.