
Cette mauvaise compréhension, souvent présente dans la pensée chrétienne occidentale, a entraîné des dommages incalculables, aussi bien à la planète qu’à la réputation de l’Evangile. La Bible est très claire : ce monde appartient à Dieu et non à nous (Psaume 24.1; 50.10-11). Elle a été créée en premier lieu pour Jésus (Colossiens 1.16). Nous avons l’autorisation de l’utiliser et d’en jouir en tant que gérants (Lévitique 25.23) et gardiens (Genèse 2.15), mais pas de manière insouciante, avide ou destructrice. Nous sommes redevables envers son propriétaire : Dieu. En fait, le terme utilisé pour «soumettre» dans Genèse 1 devrait être compris dans le sens de «gérer» ou de « mettre de l’ordre », et le verbe « dominer » suggère une domination qui reflète le règne doux et juste de Dieu. A la lumière de Jésus, qui est venu non pour être servi mais pour servir, notre comportement devrait être celui d’une « royauté servante ».
(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

Ni plus ni moins que d’autres qui sont rédigés dans le même style apocalyptique. Ce verset annonce que les étoiles se décrocheront du ciel, ce que l’on trouve aussi par exemple en Ap 6, 13, ailleurs il s’agit du ciel qui se roule sur lui-même comme un parchemin (Ap 6 aussi), ou de monstres terribles envahissant la terre (Ap 9). Bref, on va dire que c’est « la loi du genre » : le style apocalyptique est à la Bible ce que la science fiction est à la littérature. Il utilise des images qui ne décrivent pas forcément la réalité de ce qui va se passer, mais tentent de nous transmettre le fond d’un message que je serai tentée de résumer ainsi : le monde que nous habitons n’est pas éternel, et il est un temps on touche ses limites. L’expérience est (ou sera) alors celle d’une destruction complète de tous nos points de repères et une urgence à nous préparer dès maintenant à ces circonstances ultimes pour faire alors le choix qui nous conduira vers la Vie et non vers la mort. C’est dans un futur lointain, lorsque Christ reviendra en gloire, ou c’est chaque fois que je suis confronté à un basculement de ma vie qui peut s’avérer aussi un temps de révélation (le sens du mot « apocalypse ») et de reconnaissance du Christ aux carrefours de mon existence.
https://1001questions.fr/matthieu-2429-est-il-a-comprendre-litteralement-emmanuel/

Deux questions en une, Nicolas ! Pour répondre à la première, effectivement la chronologie biblique prise à la lettre tomberait en flagrante contradiction avec ce que nous savons de l’âge de la Terre et de l’humanité. Le rédacteur du premier chapitre de la Bible n’avait pas nos connaissances scientifiques, mais son message est vrai, inspiré, pertinent : le monde n’est pas éternel, tout a un commencement (contre la vision païenne, antique, d’un univers statique, d’un temps circulaire…). Rien n’y est donc divin ou sacré, ni lune ni soleil ni étoiles. Ce sont des créatures, comme nous le sommes aussi. Genèse ch.2 compare le monde à un jardin à cultiver et à garder. C’est une image, mais qui n’est pas sans résonance dans nos préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Adam et Eve ne sont pas, pour leur part, à identifier à Lucy, à l’australopithèque ou autres hominidés, mais aux humains à qui Dieu s’est révélé, ce qui justement a fondé leur statut d’êtres créés à son image.
Bref, il ne faut pas confondre (ni opposer d’ailleurs) le récit biblique avec un exposé scientifique des débuts de l’univers ou de l’histoire de l’Homme. Ce sont des genres différents, écrits l’un pour décrire, dire le « comment », l’autre expliquer, donner une réponse au « pourquoi la vie ? pourquoi le monde ? » etc.
Il faut garder en tête cette distinction en abordant la question de la mort, et cette mise en garde de Dieu à l’homme en Genèse 2,17 : « le jour où tu mangeras de ce fruit que je t’interdis, tu mourras ». Voici comment nous pouvons la comprendre. L’homme n’a pas été créé comme possédant l’immortalité, dans la mesure où, simple créature, nue et fragile, il ne vit que du souffle de Dieu. Il n’a pas davantage été « programmé » par Dieu pour mourir et retourner au néant. Mais en se séparant de son Créateur, il se sépare de ce qui le fait vivre un peu comme un scaphandrier couperait son tuyau d’alimentation en oxygène. Notez que sitôt mangé le fruit, l’homme et la femme éprouvent la honte de leur nudité, c’est à dire de leur statut de créature limitée, faible. Ils ont voulu se prendre pour des dieux, ils découvrent qu’ils sont poussière. « j’ai eu peur (de toi, dit Adam à Dieu qui le cherche), parce que j’étais nu, et je me suis caché » Genèse 3,10. Il y a mort et mort ! La mort, dans la Bible, ce n’est pas seulement l’arrêt des fonctions biologiques, c’est être privé de la présence de Dieu.

Le premier chapitre de la Genèse et de toute la Bible est un texte très riche, plein de significations. Des milliers de pages de commentaires ont été écrits à son propos par les croyants, juifs ou chrétiens, depuis que ce texte est lu et médité.
Lorsqu’on regarde (je dis bien : regarde, comme un tableau) comment le texte raconte la parole créatrice de Dieu, on peut voir deux images : le temps et l’espace, avec chacun son sommet, son but : respectivement le shabbat et l’être humain.
L’image « temporelle » structure l’ensemble des 7 jours, elle est donc au début (la lumière), au milieu (les astres qui donnent le calendrier), à la fin (le shabbat). L’image « spatiale » occupe les 4 autres jours (4 comme les directions de l’espace !) : l’inanimé les 2e et 3e, l’animé les 5e et 6e, avec l’être humain en dernier, pour dominer et user de ce qui peuple ces 4 jours. Il est l’image, le représentant de Dieu sur terre. Dieu, lui, est en-dehors du temps et de l’espace (qu’il a créés), il est le maître de l’Histoire.
Dans ce tableau qui dit une parole très puissante sur ce que nous sommes (les maîtres de l’espace, mais seulement par délégation) et ce que nous ne sommes pas (les maîtres du temps), ce qui vient en premier, c’est donc la lumière, sur laquelle nous n’avons aucune prise. Elle est comme la condition de possibilité de tout le reste, c’est elle qui fonde le jour (« jour un » et non premier), elle provient directement de la parole du Créateur, et non pas d’une de ses créatures comme soleil ou lune. Les juifs disent que cette lumière, c’est la Torah. Les chrétiens disent que c’est le Christ, à la différence que lui n’est pas créé, mais engendré. Ces lectures proviennent entre autres de Proverbes 8 / 22-31 et de Jean 1 / 1-18.
La lumière et la chronologie qui viennent des astres vont fonctionner dans le monde créé, tandis que la lumière du « jour un » (comme Dieu est un) éclaire l’acte créateur lui-même. Ainsi, celui qui vit dans ce monde-ci et qui vit sous la Loi profite de la lumière du soleil et travaille six jours avant de se reposer. Tandis que celui qui vit en Christ dans le Royaume vit de la lumière originelle et se repose en Dieu avant d’accomplir quoi que ce soit. En lui, ne sommes-nous pas une nouvelle création ? (2 Cor. 5 / 17 ; Galates 6 / 15)

Quelques chrétiens ont avancé qu’il était orgueilleux de croire que l’être humain pouvait influer sur le climat de notre planète, puisqu’il est sous le contrôle de Dieu. D’autres ont mis en cause la science qui fait un lien entre les émissions de carburants fossiles et le changement climatique mondial. Cette dernière question concerne la science, et je laisse à d’autres le soin de la traiter ; mais pour ce qui est de la façon dont l’être humain interagit avec la situation météorologique et le climat, la Bible apporte des réponses. L’Ancien Testament considère Dieu, l’humanité et le reste de la création comme étroitement liés, si bien que le péché des hommes affecte non seulement notre relation avec Dieu, mais aussi avec les autres créatures, avec la terre et son système, climat inclus. C’est ainsi que le péché d’Adam et Ève n’a pas comme seule conséquence leur séparation d’avec Dieu : la terre se met à produire des épines, et l’agriculture devient plus difficile (Genèse 3.17-19). De même, la Bible parle de la façon dont la terre « souffre » (Jérémie 12.14) et « pleure » (Osée 4.1-3) à cause du péché du peuple de Dieu ; la création « vomit » les habitants d’Israël l’infidèle (Lévitique 18.25-28), tandis qu’elle attend la rédemption. Bibliquement, le comportement des hommes affecte la terre entière, ce qui inclut le climat. En fait, ce n’est pas l’Écriture, mais l’idée propre à la philosophie des Lumières qui sépare l’être humain de la nature et nous fait penser que nous ne pouvons pas affecter le climat. Comme le fait remarquer Michael Northcott dans Une théologie politique du changement climatique(6), ce sont un Français et un Anglais – René Descartes et Francis Bacon – qui ont créé les fondements intellectuels d’une approche agnostique, décrivant la nature comme une machine inanimée dont Dieu et l’humanité sont séparés(7). Ceux qui nient que le comportement humain puisse affecter le climat ont besoin de passer plus de temps à lire la Bible.
(6) Michael S. Northcott, A Political Theology of Climate Change, Grand Rapids, Eerdmans, 2013
(7) « Être moderne, alors, c’est nier que la situation météorologique soit politique, ou que la politique influence le climat » (Michael S. Northcott, A Political Theology of Climate Change, p. 46).
(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]