Lors du retour du Seigneur- la terre sera-t-elle régénérée ou bien complètement détruite- puis remplacée par la Jérusalem céleste ? [Joël]

Certains passages de l’Ecriture abordant la fin des temps décrivent une sorte de destruction totale, effectivement, comme dans la 2e lettre de Pierre, au chapitre 3, qui rappelle le précédent du déluge. Mais ce qui disparaîtra, est-il précisé au v.10, ce sont les éléments célestes (les astres etc), qui désignent, dans ce langage codé qu’est le style dit « apocalyptique », l’ordre actuel du monde. Les astres y figurent les puissances spirituelles qui prétendent le régenter à la place de Dieu (comparer Marc 13,24-25). La terre et ce qu’elle contient sera, pour sa part, jugée, toujours selon le même verset. Ce passage de l’épître se termine par le célèbre « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera », au v.13. L’adjectif utilisé dans le texte grec original pour « nouveau » est kainos, ce qui est « renouvelé », et non neos, ce qui est neuf, au sens d’inédit. Autrement dit, ce n’est pas un autre monde que le Seigneur prépare par son règne à venir, c’est ce monde abîmé, blessé, en souffrance, marqué par le mal et la mort, mais qu’il vient totalement relever, purifier, transformer, délivrer… Le jugement du monde ancien est intervenu à Golgotha, à la mort de Jésus (ce que signifient les ténèbres qui ont régné à ce moment-là, voir Matthieu 27,45) et la nouvelle création a commencé le 3e jour après, au matin de sa Résurrection.

Votre question en tout cas est très pertinente, et sa réponse a des conséquences pratiques très importantes. Car si ce monde où nous vivons était déclaré irrémédiablement perdu, la tentation des croyants pourrait être grande de s’en désintéresser, de se désinvestir de la préparation du règne de Dieu dans tous les domaines : social, économique, politique, écologique, etc…. et de se replier dans une « bulle spirituelle », un peu comme Jonas, à l’abri de son arbuste, attendant la destruction de Ninive !

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Comment comprendre Genèse 1-2? Si la Terre a 6000 ans alors la science fait elle erreur dans les datations? Si nous sommes le fruit de l’évolution, la mort existait avant la chute de l’homme ? [Nicolas]

Deux questions en une, Nicolas ! Pour répondre à la première, effectivement la chronologie biblique prise à la lettre tomberait en flagrante contradiction avec ce que nous savons de l’âge de la Terre et de l’humanité. Le rédacteur du premier chapitre de la Bible n’avait pas nos connaissances scientifiques, mais son message est vrai, inspiré, pertinent : le monde n’est pas éternel, tout a un commencement (contre la vision païenne, antique, d’un univers statique, d’un temps circulaire…). Rien n’y est donc divin ou sacré, ni lune ni soleil ni étoiles. Ce sont des créatures, comme nous le sommes aussi. Genèse ch.2 compare le monde à un jardin à cultiver et à garder. C’est une image, mais qui n’est pas sans résonance dans nos préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Adam et Eve ne sont pas, pour leur part, à identifier à Lucy, à l’australopithèque ou autres hominidés, mais aux humains à qui Dieu s’est révélé, ce qui justement a fondé leur statut d’êtres créés à son image.

Bref, il ne faut pas confondre (ni opposer d’ailleurs) le récit biblique avec un exposé scientifique des débuts de l’univers ou de l’histoire de l’Homme. Ce sont des genres différents, écrits l’un pour décrire, dire le « comment », l’autre expliquer, donner une réponse au « pourquoi la vie ? pourquoi le monde ? » etc.

Il faut garder en tête cette distinction en abordant la question de la mort, et cette mise en garde de Dieu à l’homme en Genèse 2,17 : « le jour où tu mangeras de ce fruit que je t’interdis, tu mourras ». Voici comment nous pouvons la comprendre. L’homme n’a pas été créé comme possédant l’immortalité, dans la mesure où, simple créature, nue et fragile, il ne vit que du souffle de Dieu. Il n’a pas davantage été « programmé » par Dieu pour mourir et retourner au néant. Mais en se séparant de son Créateur, il se sépare de ce qui le fait vivre un peu comme un scaphandrier couperait son tuyau d’alimentation en oxygène. Notez que sitôt mangé le fruit, l’homme et la femme éprouvent la honte de leur nudité, c’est à dire de leur statut de créature limitée, faible. Ils ont voulu se prendre pour des dieux, ils découvrent qu’ils sont poussière. « j’ai eu peur (de toi, dit Adam à Dieu qui le cherche), parce que j’étais nu, et je me suis caché » Genèse 3,10. Il y a mort et mort ! La mort, dans la Bible, ce n’est pas seulement l’arrêt des fonctions biologiques, c’est être privé de la présence de Dieu.

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La hausse de la population provoque et aggrave des conflits- et contribue au désastre écologique. Pourquoi la limitation des naissances n’est-elle prônée par aucun responsable politique ou religieux ? [Elan]

Peut-être parce que la solution aux problèmes que vous évoquez est plus compliquée qu’une décision de limiter les naissances. Les conflits existent dans l’histoire humaine… depuis le début de l’humanité. S’ils apparaissaient seulement à cause de la surpopulation, alors il y aurait très peu de conflit en Libye par exemple (3,5 habitants au kilomètre carré, contre 116 habitants au kilomètre carré en France métropolitaine…). Quand on pose une bombe, c’est sûr qu’elle tue plus de gens s’il y a beaucoup de monde… mais le problème est peut-être davantage chez la personne qui décide de poser la bombe, non ? Quant au désastre écologique, parmi les facteurs explicatifs, c’est bien davantage la nature des activités humaines (énergies non renouvelables et polluantes, industries ayant un impact sur l’environnement…) que la quantité de population qui est à pointer : Le Pakistan est le 6e pays le plus peuplé du monde, l’Indonésie le 4e. Aucun des deux ne fait partie des vingt pays émettant le plus de CO2 au monde.

L’ordre donné par Dieu de croître et de multiplier s’accompagne d’un commandement de domination de la création par l’être humain, à l’image de la souveraineté de Dieu sur sa création. A l’image, c’est-à-dire avec l’émerveillement et l’amour de Dieu devant sa création, pas la concupiscence liée à notre état de pécheur. Nous avons déjà du mal à mettre en pratique ce commandement là, n’allons pas par dessus le marché renier l’appel à la croissance que Dieu nous a lancé.

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Les chrétiens devraient-ils être écologistes ? L’environnementalisme est-il idolâtre ou païen? [Frédéric]

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Si la « nature » est considérée comme « Création » et donc l’œuvre du Créateur, la créature humaine doit exercer une sainte domination sur le monde créé, pour y figurer son statut d’image de Dieu. Le projet était quand même que l’humain s’occupe correctement du jardin.
Mais l’échec de ce projet ne date pas d’hier, et les pépins sont vite arrivés.

Le Nouveau Testament nous présente une création qui a besoin d’être sauvée. Et c’est la raison pour laquelle Jésus est envoyé. L’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, nous dit aussi que ce qui adviendra, c’est une « Jérusalem céleste », qui descendra. Donc désormais le projet de l’humain, tout en respectant la création, ne doit pas devenir idolâtre effectivement, et vénérer la création plus que le créateur comme le dit Paul en Romains 1. Il ne s’agit pas de rebâtir et restaurer la Jérusalem terrestre. D’ailleurs ce n’est plus un jardin, c’est bien une ville. La Jérusalem ancienne sera détruite.

Donc, pour simplement ne pas s’empoisonner, il faut être écologistes.
Et pour laisser Dieu sauver le monde, il faut arrêter de vouloir le sauver nous-mêmes.

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Noé a-t-il sauvé les poissons ou sont-ils restés dans l’eau ? [Jo]

Quelques éléments de réponse personnelle :

1- Que ce soient les poissons, tout autant que les volatiles, les animaux terrestres et les humains présents dans l’arche, ce n’est pas Noé qui les a sauvés mais Dieu. C’est lui qui a donné l’ordre à Noé de construire le refuge flottant où toutes ces espèces pouvaient loger, et c’est lui qui a laissé les eaux détruire tous les autres. Noé a obéit, mais il n’est pas l’auteur du salut.

2- Je ne suis pas de ceux pour qui la validité historique du récit du déluge est déterminante pour en estimer la valeur. On peut trouver cette histoire ridicule, mais il semble bien qu’un événement catastrophique de grande ampleur se soit déroulé, qui a impacté des récits de même facture dans de très nombreuses civilisations. Même si ce récit est à entendre de façon métaphorique, j’y reçois des vérités très interpellantes pour aujourd’hui. Ainsi : Le déluge est provoqué par le mal que commettaient les hommes (Genèse 6. 5) et la violence qui remplissait la terre (6. 11). Que le comportement humain ait des répercussions négatives sur toutes la création, cela ne vous paraît-il pas d’actualité (pollution, réchauffement climatique, etc.) ? Avoir foi en Dieu, croire ce qu’il dit nous fait souvent apparaître pour des idiots auprès de nos contemporains qui ne croient pas, tout autant que si nous nous mettions à construire un bateau gigantesque au beau milieu d’un continent…

3- Le mot aquarium n’existe pas en hébreu biblique. Les premiers aquariums datent du XIXe siècle. Merci d’avoir posé cette question qui m’a permis d’en apprendre davantage sur les aquariums !

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L’Apocalypse parle-t-elle de l’époque que nous sommes en train de traverser ? [Jonas]

Kym mackinnon - unsplash

L’Apocalypse est le dernier livre de la Bible.
Mais dans toute la Bible il y a des récits de type apocalyptique. Dans les livres de Daniel ou l’évangile de Matthieu par exemple. Parce que « apocalypse » ne veut pas dire catastrophe finale, comme on le croit souvent en français, mais ça vient d’un verbe grec qui veut dire « lever le voile » : l’apocalypse c’est donc le dé-voilement, la ré-vélation.

Le livre de l’Apocalypse est un livre de type prophétique, c’est-à-dire qu’il se présente comme une vision anticipée d’une situation qui va avoir lieu.
Mais plus encore, les récits de type prophétique ou apocalyptique parlent toujours à plusieurs niveaux :
1. Ce sont des récits imagés, souvent, pour parler de la situation présente du peuple de Dieu quand il traverse des difficultés.
2. Ce sont des récits qui peuvent aussi être lus comme pertinents à d’autres époques qu’au moment où ils sont écrits.
3. Ce sont des récits qui ont, quoi qu’il arrive, un intérêt pour comprendre notre « aujourd’hui ».

Quand Ésaïe présente son récit prophétique/apocalyptique de la fin des temps où le loup pourra enfin habiter avec l’agneau, sans danger (Ésaïe 11,6 et 65,25) il parle dans les trois niveaux présentés à l’instant :
1. A l’époque de rédaction, c’est une réflexion sur la cohabitation en exil des israélites et des babyloniens.
2. A l’époque de Jésus, ça a pu être entendu comme une annonce de la fin des temps et de Jésus seul réconciliateur possible entre les ennemis (loup/agneau).
3. De nos jours nous pouvons entendre ça comme une description de ce que nous vivons en Église (d’anciens « loups » devenus végans 😉 et d’anciens « agneaux » ayant vaincu la peur).

Le livre de l’Apocalypse parle ainsi :
1. De l’empire Romain avec sa Bête qu’est César, qui veut marquer tout le monde.
2. Des angoisses de la chrétienté avec la peur de la fin du monde comme étant possible à tout instant.
3. De notre crainte que le réchauffement climatique ou que le gouvernement mondial armé de la bombe atomique conduise à la destruction de la Terre.

Donc l’Apocalypse parle toujours au moins de : 1. l’histoire ancienne, 2. l’avenir, 3. aujourd’hui.

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Les craintes du réchauffement climatique sont-elles alarmistes et fausses- compte tenu de la promesse de Dieu dans Genèse 8:22 ? [Erick]

Brett Jordan - unsplash

« Tant que la terre durera, semailles et moissons, froid et chaleur, été et hiver…. jamais ne cesseront ». Dans cette promesse de Dieu à Noé, qui assure que le déluge ne connaîtra pas de nouvelle édition, une note de la Traduction Oecuménique de la Bible, éditée voici plus de 30 ans, voyait l’assurance que le comportement pervers de l’homme ne saurait affecter la permanence des lois de la nature… Mais hélas, le contraire peut être constaté aujourd’hui !

Toutefois le péché de l’homme, sa frénésie de consommation et de possession avec les effets qui en résultent pour l’environnement n’anéantissent pas les promesses de Dieu. En réponse à la foi de Noé, Dieu a levé la malédiction qui pesait sur le sol depuis la chute (Genèse 3,17). Dans l’angoisse planétaire qui monte face au réchauffement climatique et toutes ses conséquences (dont la montée des eaux !), le rôle primordial des chrétiens est de rappeler deux choses : 1) l’amour de Dieu veille sur sa création. Cela fonde notre espérance et nous garde du fatalisme. Cette espérance, nous pouvons la nourrir activement en changeant notre propre manière de vivre, de consommer, de voyager, de nous chauffer… Elle ne saurait nous démobiliser, sur l’air de « tout finira par s’arranger, dormons tranquilles ». 2) Il nous faut aussi rappeler que ce monde présent passe, il est provisoire. La promesse de Dieu à Noé vaut « tant que la terre durera ». Nous avons à poser les signes d’une création nouvelle, ces nouveaux cieux et cette terre nouvelle où la justice habitera, c’est à dire la juste manière de vivre devant Dieu et les autres. Il ne nous est pas demander de bâtir ce qui sera l’oeuvre de Dieu. Tout au plus pouvons-nous la préparer, la saluer de loin, par exemple en adoptant un mode de vie plus respectueux des dons du Créateur…

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