La Bible établit-elle un lien entre le comportement de l’homme et le monde naturel ?

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Nous pourrions penser, en tant que chrétiens, que la spiritualité consiste essentiellement à sauver son âme en acceptant la grâce du Christ et à inciter les autres à en faire de même au moyen de la mission sans se préoccuper du monde matériel et naturel. Par conséquent, nous pourrions penser que nous devons être « neutres », car il s’agit d’un sujet politique, économique ou scientifique et non spirituel. Nous pourrions également penser que chaque chrétien est libre d’avoir son opinion sur cette question et d’agir ou non en faveur de l’écosystème et du climat, l’essentiel de la foi n’étant pas concerné par cette question.
Tout d’abord, il existe un consensus scientifique quasi total sur le fait que les activités humaines sont la cause principale du réchauffement climatique depuis le début de la Révolution industrielle (19ème siècle). Mais la Bible donne-t-elle aussi une réponse ou des indications à ce sujet ?
Oui, car l’Ancien Testament considère que Dieu, l’humanité et le reste de la Création sont étroitement liés, si bien que le péché des hommes affecte non seulement notre relation à Dieu, mais aussi la relation aux autres créatures, avec la terre et son système, avec des mentions explicites de perturbations climatiques. Le péché d’Adam et d’Eve n’a pas comme seule conséquence leur séparation d’avec Dieu, la terre se met à produire des épines et l’agriculture devient plus difficile (Genèse 3.17-19). De même, la Bible parle de la façon dont la terre « souffre » (Jérémie 12.14) et « pleure » (Osée 4.1-3) à cause du péché du peuple de Dieu. La Création « vomit » les habitants d’Israël l’Infidèle (Lévitique 18.25-28), tandis qu’elle attend la rédemption. Attention cependant à ne pas simplement « spiritualiser » nos actions matérielles, et à penser qu’il suffirait à l’humanité de ne plus pécher moralement pour que la crise climatique soit résolue comme par miracle. Nos désobéissances qui détruisent le climat, ce ne sont pas nos meurtres, nos adultères et nos tromperies, mais nos excès de consommation, nos excès de combustion des énergies fossiles, nos excès d’émissions de GES (Gaz à effet de serre).
En conclusion, en se basant sur la Bible, le comportement des hommes affecte la terre entière, ce qui inclut le climat. Et si leur comportement influence le climat dans un sens négatif, c’est-à-dire qu’il met en péril le monde naturel, les espèces vivantes et, in fine, l’existence de l’être humain lui-même, la « neutralité » du chrétien actuel à l’égard de la crise climatique contredit de manière évidente la vision biblique de l’amour de Dieu pour l’homme et la Création et la responsabilité que Dieu a donné à l’homme envers celle-ci.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Le but de l’Évangile n’est-il pas essentiellement de sauver les âmes ?

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Nous pourrions penser qu’en tant que chrétiens nous devrions uniquement nous occuper à sauver des âmes, et vivre comme si la Bonne nouvelle de l’évangile ne concernait pas les questions matérielles. Dans cette vision, s’occuper du changement climatique serait une diversion qui nous éloignerait de notre tâche essentielle. Bien que notre mission de faire de toutes les nations des disciples reste absolument essentielle dans la mission du chrétien, nous sommes aussi appelés à nous préoccuper, comme Jésus l’a fait, des personnes dans leur intégralité, prenant en compte leur contexte physique.
Selon le théologien Dave Bookless (directeur de la théologie d’A Rocha), la vision hébraïque de la Bible refuse de séparer les aspects spirituels et matériels de la réalité. La tradition hébraïque rejette en effet la vision dualiste du monde et considère le monde comme un tout, le spirituel et le matériel étant intimement liés. Par exemple, dans le Genèse, après avoir créé chaque élément du monde matériel et naturel, Dieu a dit « qu’il était bon ». Par la suite, dans l’Ancien Testament, de nombreuses personnes en chair et en os ont incarné et transmis les messages spirituels de Dieu, et parfois même agi en son nom. Dans le Nouveau Testament, Dieu a envoyé son fils comme un être de chair et l’a ressuscité physiquement en tant que fruit d’une nouvelle création matérielle.
La vision dualiste du monde qui a influencé la pensée occidentale et en partie la vision chrétienne provient des philosophes grecs Aristote et Platon. Pour ces derniers, il existe deux mondes séparés : le monde spirituel et le monde matériel. De plus, le monde spirituel est bien plus important que le monde matériel. Plus tard dans l’histoire, les scientifiques et philosophes René Descartes et Francis Bacon (17ème siècle) ont réaffirmé la dualité du monde en séparant les questions spirituelles et matérielles. René Descartes a considéré la nature et les animaux comme des machines inanimées totalement indépendantes de Dieu. Ces philosophes ont grandement influencé la pensée occidentale également. Pourtant, au 21ème siècle, les neurosciences ont largement démontré que le fonctionnement de l’esprit et du corps sont intimement liés et vont donc dans le même sens que la vision hébraïque de la Bible qui ne sépare pas non plus ces deux notions.
Comme la Bible ne sépare pas le spirituel et le matériel, le « Royaume de Dieu » n’est pas un concept purement intellectuel, mais cela signifie la Seigneurie de Jésus-Christ sur l’âme et la vie de chaque personne et sur tout ce qui constitue la société des hommes, comme l’économie, la politique et l’écosystème notamment. En fait, il comprend la totalité de la création de Dieu. A la fin de l’Évangile de Marc, Jésus envoie en mission des disciples dans le monde pour « proclamer la bonne nouvelle (l’Évangile) à toute la création » (Marc 16.15).
Enfin, lorsque l’annonce de l’évangile s’accompagne d’actes manifestant concrètement le souci de Dieu pour le monde entier, et ne se contente pas de paroles, elle devient bien plus puissante.
Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.