Quel rôle jouent les lobbies dans la désinformation sur le climat ?

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Certaines personnes ou entreprises ont des intérêts dans des activités économiques très polluantes qui menacent l’équilibre du climat, comme les entreprises du pétrole en premier lieu. Le terrible tsunami de 2004 en Thaïlande avait été prévu très précisément par un scientifique thaïlandais plusieurs années auparavant [1]. Celui-ci avait proposé une série de mesures pour protéger la population et les bâtiments le long des côtes concernées. Le gouvernement a fait pression sur le scientifique afin qu’il se taise et il a reçu l’interdiction d’aller dans les zones côtières de son pays. En effet, le pays a voulu préserver l’industrie du tourisme en muselant un « scientifique alarmiste » au détriment de la sécurité de la population et des touristes eux-mêmes. Nous connaissons le résultat catastrophique de ce déni en constatant le nombre de morts et les dégâts considérables du tsunami de 2004.

Concernant le climat, une série d’enquête ont montré comment les lobbys pétroliers financent le lobbyisme politique et les think tank qui nient la science du climat, comme le Heartland Institute aux États-Unis. Ce dernier est l’un des think tanks américains les plus influents, en guerre constante depuis des décennies contre la science du climat. Ses rapports, dont certains sont disponibles sur le site internet, tentent de discréditer la science climatique par des prises de positions et des rapports pseudo-scientifiques diffusés dans le monde politique et économique, sur lequel ils ont une grande influence. Ils favorisent la diffusion de fake news sur le climat et financent des pseudo-scientifiques anti-climat. La page Wikipedia sur l’Institut Heatland donne de nombreuses références sur les enquêtes, et un aperçu de l’historique peu glorieux de ce lobby, qui a par exemple tenté de protéger l’industrie du tabac durant des décennies [2].

On constate que les débats sur le climat ne sont pas laissés au hasard et qu’ils ne sont pas non plus que des débats intellectuels entre scientifiques. Il s’agit d’un débat de société qui concerne tout le monde et qui est très influencé par des intérêts économiques puissants. Les débats liés au climat sont lourdement influencés par des intérêts économiques liés aux gains pétroliers, qui se défendent de manière organisée avec des financements très importants. Il existe de nombreux lobbys et think tanks influents et qui sont largement financés par des milieux économiques aux États-Unis et en Europe. C’est pourquoi nous devons donner de l’importance à une information objective et de qualité à ce sujet dans le public en général et dans nos églises en particulier.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

[1] Naomi Klein, Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique [This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate], Actes Sud, 2015, 640 p. (ISBN 978-2-330-04784-9).

[2] Voir: https://en.wikipedia.org/wiki/The_Heartland_Institute.

Dans mon entourage, les écolos ne sont pas très bien vus. J’ai peur de me faire remarquer. Comment faire ?

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Nous faisons tous partie de différents groupes de loisirs et de sports, et, bien sûr, de notre église par le biais des cultes, des messes, des groupes de rencontres et autres activités. Notre besoin d’appartenance à un groupe et notre besoin d’acceptation sont tellement importants qu’ils nous poussent souvent à passer notre opinion sous silence s’il est différent de celui de la majorité du groupe. Il nous conduit même souvent à adopter l’opinion dominante du groupe au détriment de nos prises de position et de notre expérience. De cette façon, une personne ayant régulièrement des avis différents du reste du groupe risque d’être rejetée à moyen long terme ou à partir d’elle-même face la réprobation des autres. Et ce phénomène est particulièrement fort pour les opinions concernant la crise climatique. Certains chrétiens préoccupés et anxieux par rapport à la crise climatique ne voudront pas aborder ce sujet dans leur groupe de maison pour éviter d’être réprouvés par le groupe par exemple. Pour cette raison, nous pensons qu’une information objective sur cette crise doit être effectuée dans les églises et auprès des leaders d’opinion comme les pasteurs ou prêtres.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Pourquoi serait-ce à moi de régler le problème ?

Lorsqu’on parle de la menace de disparition des ours polaires en raison de la fonte des glaces de l’Arctique, qui elle-même est due au réchauffement climatique plus important que prévu, de nombreuses personnes ne se sentent pas concernées. En effet, en Europe nous n’avons pas d’ours polaires et ce problème leur paraît bien lointain et exotique. Or si les effets spectaculaires des événements extrêmes de la crise climatique surviennent pour l’instant souvent à l’étranger (ouragans, canicules et inondations), cela ne signifie pas que nous serons protégés à l’avenir, bien au contraire. L’augmentation des températures en Suisse, par exemple, est déjà le double de la moyenne mondiale (+2° au lieu des +1.1° mondiaux) et cela va continuer, car la Suisse ne bénéficie pas de l’effet régulateur des mers, et la fonte des neiges et des glaciers induira une augmentation plus importante de la chaleur dû au rayonnement solaire dans les Alpes. En effet, le rayonnement solaire sera de moins en moins reflété par les surfaces enneigées des Alpes, mais absorbé par les montagnes de couleur gris-brun, ce qui augmentera la température moyenne suisse d’autant plus. L’attitude « Ce n’est pas à moi de régler le problème » implique une déresponsabilisation de l’individu et ne correspond pas au mandat de Dieu qui a été attribué à l’homme, comme cela est développé dans les fondements théologiques de la déclaration.

adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Vous partez du présupposé qu’il y a un réchauffement climatique qui serait dû à l’homme et mènerait le monde à la catastrophe. C’est un présupposé utilisé à des fins politiques dans lequel vous vous engouffrez puisqu’il est dans l’air du temps. Pouvez vous démontrer scientifiquement que ce présupposé est vrai ? (Frank)

Bonjour Frank,

Je suis tout à fait d’accord que nombreux sont ceux qui prenne le train en marche pour des raisons purement idéologiques. Mais la chose n’en est pas moins avérée.

Il existe des observations indubitables d’un réchauffement climatique (hause de la température globale, fontes des banquises et des glaciers, etc.).

Quelle en est la cause ?

En appliquant la conservation de l’énergie à la terre, on peut identifier les 3 facteurs qui peuvent en faire varier le climat :

  1. L’albedo, c’est à dire la quantité énergie solaire qui ne fait que rebondir » sur la terre sans la chauffer.
  2. L’irradiation solaire.
  3. La composition de l’atmosphère.

Les facteurs 1 et 2 sont à éliminer par les observations. Ils ont à peine varié depuis 100 ans. Reste le 3, dont, soit dit en passant, le principe remonte à Fourier au début au XIX siècle.

Et quand on regarde la composition de l’atmosphère, on voit qu’elle s’est fortement enrichie en CO2 et CH4 depuis le début de la révolution industrielle.

La physique en question n’a rien de nouveaux. Elle a plus de 100 ans. Je vous laisse ce graphe fait par Exxon (ci-dessous, ou figure 3, p.7 du pdf en lien), qu’on ne pourrait suspecter de sympathie écolo, en 1982.

Antoine Bret

P.S. vous pouvez retrouver d’autres éléments de réponse à ce lien.

En Europe, nous avons toujours été relativement privilégiés et nos autorités sont compétentes, pourquoi cela changerait-il avec le défi du climat ?

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Il existe le biais de normalité qui fausse la perception de la réalité de nombreuses personnes. Cela signifie que pour beaucoup de personnes, si tout s’est bien passé jusqu’à présent, tout se passera forcément bien par la suite comme d’habitude. Elles pensent que « tout est normal et restera normal ». En Europe, de nombreuses personnes pensent que le système économique, politique et climatique a toujours été idéal et qu’il ne changera pas du jour au lendemain. La crise sanitaire du COVID-19 en 2020 illustre parfaitement le danger de ce biais de normalité. En effet, elle nous a montré que l’économie et la vie sociale des Européens (et même du monde entier) pouvait être paralysée du jour au lendemain sans avertissement et à la surprise de tous. Or les scientifiques spécialisés dans les pandémies ont averti les autorités et le public depuis des années que ces événements allaient devenir plus fréquents et qu’il fallait s’y préparer. Nous pensons donc que les mises en garde des scientifiques du climat doivent donc être prise en compte dans une planification à long terme pour les individus et la société.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Les problèmes liés au climat sont-ils si dangereux qu’on l’entend ?

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En France, en Suisse et dans de nombreux pays occidentaux, les effets de la crise climatique ne sont pas encore trop visibles et de nombreuses personnes ont tendance à sous-estimer la gravité de la situation présentée dans les rapports scientifiques. Mais, depuis 2019, les médias relaient régulièrement les problèmes de la crise climatique, quasi quotidiennement, et cela crée un effet de saturation d’informations pour la plupart des personnes. A cause de cet effet « lavage de cerveaux », de nombreuses personnes ont tendance à se détourner de ces informations ou de les banaliser, comme cela s’est fait depuis des décennies concernant les images de misère dans les pays du Sud auxquelles le public occidental s’est largement habitué et qui est devenu une banalité médiatique qui ne provoque souvent que peu de réactions. Finalement, les pseudo-controverses scientifiques climatiques, les fake news et les vidéos amateurs d’experts auto-proclamés en science climatique qui circulent dans les réseaux sociaux participent à créer un sentiment de doute généralisé et d’incrédulité par rapport à l’information scientifique de qualité et officielle. En conclusion, cette attitude représente en fait un déni de la réalité et il est important de rappeler ici que chacun est responsable de rechercher une information scientifique sûre et de qualité et de réagir de manière appropriée à celle-ci.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

J’ai une belle carrière professionnelle et un bon salaire grâce à mes efforts, pourquoi devrais-je restreindre ma consommation ?

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De nombreuses personnes, en Europe comme dans le reste du monde, s’investissent intensément dans leur travail, poursuivent une carrière professionnelle intéressante, obtiennent de belles promotions et peuvent en profiter en s’achetant toutes sortes de biens personnels, comme de belles voitures, une maison spacieuse et agréable pour leur famille et des vacances dans des pays lointains. Faut-il remettre en cause ce style de vie basé sur la consommation de masse si on prend en compte les enjeux de la crise climatique ? La réponse est complexe, car elle dépend de la production des gaz à effet de serre provenant du style de vie et des produits de consommation achetés.
Premièrement, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à avoir un comportement responsable envers la Création et à adopter un comportement humble et plus sobre en regard de la situation de la crise climatique actuelle. Deuxièmement, l’essentiel pour un Chrétien est d’accepter la grâce de Dieu et de se réjouir de son salut dans une vie remplie de la présence de Dieu. En ce sens, la poursuite d’une carrière professionnelle comprise comme une suite de promotions avec des augmentations de salaire dans le but d’acheter toujours plus de biens de consommation pour affirmer un statut social plus élevé n’est pas forcément incompatible en soi avec une vie spirituelle épanouie et dévouée à Dieu, mais ne peut pas être le but principal de la vie pour un chrétien qui a accepté le salut du Christ. De plus, le risque que la poursuite du bien-être matériel remplace une vie riche de la présence de Dieu est bien réel. En effet, l’idolâtrie du veau d’or, de Mammon ou de la réussite matérielle en terme moderne a toujours été un dérapage constant durant l’histoire biblique du peuple d’Israël. En conclusion, nous pensons que les chrétiens doivent avant tout se préoccuper de leur salut, de vivre dans l’amour et la joie de Dieu et de son fils Jésus-Christ avec la communauté de l’Église et ne pas se perdre dans les appâts superficiels de la société de consommation, dans la course aux promotions professionnelles et dans les achats effrénés de biens matériels dommageables au climat.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Se préoccuper du climat n’est-il pas un manque de confiance en Dieu ?

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Pour les croyants en Dieu, la vie est un équilibre entre la part qui nous incombe, et la part qui échappe à notre contrôle. Cette réalité est présente dans les Évangiles au travers de plusieurs paraboles (les Talents, les deux maisons, les dix Vierges, etc.) qui mettent en avant la responsabilité individuelle pour sa vie physique et spirituelle. Dieu donne à chacun intelligence, créativité et capacités pour vivre chaque jour et progresser, sans pour autant nous priver de sa présence et son conseil Divin.
Le climat n’échappe pas à ce principe. La Terre est une grosse machine : on met du gaz à effet de serre, ça chauffe. On en retire, ça refroidit. Dès lors, du moment que la civilisation humaine émet suffisamment de gaz à effet de serre pour dérégler le climat, c’est à elle, et à elle seule, de prendre les mesures nécessaires. Dieu ne nous soustrait pas aux responsabilités qu’il nous a rendus capables de gérer. La bonne gestion de la Terre en fait partie. Ne laissons donc pas une accusation de « manquer de foi », si culpabilisante au demeurant, nous soustraire à nos responsabilités humaines. Lutter contre le réchauffement climatique n’enlève en rien la confiance que nous plaçons chaque jour en Dieu pour toutes les dimensions de nos vies.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Sortir des énergies fossiles ne sonnera-t-il pas le glas de notre prospérité ?

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Il est indéniable que ce sont les énergies fossiles qui ont été à l’origine du formidable progrès de notre civilisation durant ces derniers 150 ans. Cependant, elles ne sont pas éternelles ; le pétrole aura quasiment disparu en 2050 déjà. Il est dès lors primordial de développer d’autre sources d’énergie pour maintenir cette prospérité, sans quoi ce sera l’effondrement. (…) La transition énergétique n’est donc pas un luxe, bien au contraire : si nous ne sortons pas rapidement des énergies fossiles, nous mettons notre prospérité en péril.

Source : Adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Si la Chine ou les USA n’agissent pas, notre action n’est-elle pas vaine ?

Qui doit commencer ? Allons-nous arrêter de faire ce qui est juste parce que d’autres continuent à faire faux ? Ce sont les véritables questions qu’il faut se poser devant l’apparente inaction des plus grands. Le danger d’une inaction sur les générations futures nous impose un devoir moral d’agir, tout simplement. Par ailleurs, ni la Chine ni les USA ne sont inactifs sur la question climatique. Le pouvoir centralisé de la Chine a montré qu’il pouvait mettre les moyens lorsque les enjeux sont importants. Ce pays peut raisonnablement devenir rapidement un moteur dans l’action pour le climat. Quand aux USA, de nombreuses villes ou Etats ont déjà mis en place des actions concrètes.
Finalement, ne sous-estimons pas le poids de la France ou de la Suisse, considérables au niveau financier et technique. Nos pays pourrait prendre une position de leader dans le domaine, et avoir un impact très important sur le climat au niveau mondial en comparaison à sa population.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.