Cette opposition entre salut éternel et engagement écologique repose sur un faux dilemme. Si l’on suit cette logique, il faudrait aussi abandonner la médecine, l’éducation, ou la lutte contre la pauvreté — autant d’actions limitées dans le temps, mais que peu de personnes remettent sérieusement en question. Refuser d’agir face à la crise écologique, sous prétexte que ses conséquences ne sont pas éternelles, traduit une vision tronquée de la mission chrétienne, bien éloignée de l’espérance biblique.
La Bible nous enseigne que Dieu agit ici et maintenant et que notre manière de vivre dans le temps présent portera du fruit dans l’éternité. Le salut ne se limite pas à « sauver des âmes » en vue du ciel, mais implique une transformation de toute la vie, y compris de notre rapport à la création. L’annonce de l’Évangile et les actes de justice ou de soin envers la création ne s’opposent pas, ils se complètent et témoignent ensemble du règne de Dieu.
Comme dans tout le corps de Christ (1 Cor 12), il y a diversité de vocations. Tous sont appelés à être des témoins ; certains ont reçu le don d’évangéliste. Tous sont appelés à montrer leur respect pour le créateur par leur attitude envers sa création ; certains vont se consacrer tout particulièrement au soin de la terre et des plus vulnérables face à la crise écologique. L’important est que chacun reste fidèle à l’appel reçu, dans l’humilité et la confiance que Dieu agit à travers cette diversité.
Enfin, parler de priorité implique une vision limitée. Dieu n’a pas de hiérarchie d’urgences : il nous invite à participer à son œuvre selon nos limites et nos dons, sans porter seuls le poids du monde. Ce que Dieu nous confie – qu’il s’agisse de témoigner, soigner, protéger ou restaurer – trouvera son accomplissement dans la plénitude de son Royaume.